Vampire : La Mascarade

Alan Dem
Chronique du Clan De Masekovitch


Page rédigée en majeure partie par Pierre

Alan est un homme imposant, mesurant dans les deux mètres, et plutôt baraqué. Ses cheveux longs, masquant tant bien que mal la partie gauche de son visage, défigurée par une atroce brûlure, et ses vêtements noirs mêlant cuir et métal, le rendent intimidant, voire effrayant. Pourtant, son langage est toujours mesuré et courtois.
Son sens aigu de la hierarchie, ainsi que son attitude générale, trahissent un lourd passé martial et... une profonde habitude du secret.

La guerre peut parfois prendre des tournures inattendues dans la vie d'un homme. On nous l'avait promise courte, et elle durait déjà depuis deux années, on nous l'avait promise efficace, et les pertes en hommes étaient lourdes, on nous avait promis de l'argent, mais nous ne connurent que la misère.

J'avais, quelque-part, été déjà préparé à ce carnage. Notre famille, dont le nom m'échappe maintenant tellement ce souvenir me semble éloigné, ne m'avait jamais donné la moindre affection. Ma mère était morte tôt, et mon père, un noble à l'ambition démesurée, voyageait de congrès en conclave pendant que je me voyais confier à des belles mères odieuses. Ces dernières menaient avec moi, de sombres jeux érotiques ou la torture allait de paire avec le plaisir. Des douleurs à en perdre la raison traversaient quotidiennement mon corps. J'entends encore leurs exaltations "C'est pour ton bien mon chéri"!

C'est tout naturellement que je saisis la première occasion pour m'extraire de cette situation. La guerre qui s'annonçait belle et grande contre les français me semblait l'occasion idéale.

Je m'enrôlai dans les troupes de Monsieur Hitler et pus, de par ma candidature volontaire, m'ouvrir les portes d'une carrière militaire. Je fus formé par le jeune et prometteur Sergent Alfred Wühlmaus dans l'art du combat. Ce jeune homme avait lui-même appris son art par les seigneurs de Bavière et je dois dire que c'est probablement le premier homme d'honneur qu'il m'ait été donné de côtoyer.

La guerre était merveilleuse, je tuai nombre d'ennemis de la liberté avec une facilité que je n'aurais jamais imaginée, à peine avait-on actionné l'arme qu'une existence était effacée à jamais. Cette constatation faite, j'éprouvai alors une immense satisfaction à me lever afin d'annihiler des existences. Quelle belle vie j'avais.

Jusqu'à cet hiver dans les plaines russes ou je voyais mes camarades mourir un par un. Probablement pas assez pugnaces. Quelles mauviettes, ces gars. Seul le Sergent semblait être un vrai dur.

Nous arrivâmes à un point où la situation était devenue tellement dramatique, que nous dûmes nous joindre à d'autres unités et continuer sur des missions différentes. Jusqu'à cette fameuse nuit de décembre ou tout allait changer.

Notre unité menait l'ultime attaque, une ronde faite de mort et de chairs broyées dans une musique de tonnerre. Les pertes étaient lourdes chez l'ennemi et nous avions presque pris toute la ville. Peut-être rentrerions nous victorieux finalement. Mais nos troupes ne parvenaient à percer leur ultime barrage. Je vis, de mes yeux, 300 soldats donner l'assaut à une maisonnette simultanément et aucun n'en ressortir. Tout homme censé pourra parfaitement comprendre le sort qu'ils avaient dû embrasser.

Finalement, ce fût au tour des gradés, en ultime attaquants, d'êtres envoyés en enfer. Je sentais le sang bouillir dans mes veines, la peur de la mort, ultime extase, m'envahir et m'emplir de sa rage.

Je courus avec le Sergent, comment pouvait-il en être autrement. Nous courûmes par delà une haie arrosés par une pluie de balles qui fauchait, ça et là, nombres de nos camarades, nous sautâmes à la première ouverture se présentant à nous et je me souviendrai toujours de ce choc étrange entre le dehors si bruyant, et l'intérieur, si silencieux.

C'est alors que je vis, un homme à la taille imposante, le regard blafard, me toiser depuis un tas de camarades morts. L'homme dégageait une violence meurtrière enveloppée dans un linceul de paix. Son visage paisible, contemplait son oeuvre avec un air satisfait, puis, à la manière dont on dévisage le scarabée venu nager dans sa soupe, il posa son regard sur nous.

Dans sa main droite, il tenait un sabre à la lame fort belle qui semblait avoir été taillée par le diable lui-même, tant son éclat dégageait des tonalités sombres. Avec sa main gauche, il nous invita, toujours dans la plus grande tranquillité, à venir le tuer.

Wühlmaus, en parfait gentleman de la guerre, avait jeté son pistolet mitrailleur et empoigné son sabre d'officier. Ce fût mon dernier souvenir de lui vivant, l'instant d'après, Alfred gisait avec les autres corps. Tranché avec une netteté médicale en plusieurs parts qui, ma foi, étaient fort bien alignées.

Je compris alors que devant moi, Dieu était apparu. Un Dieu de la guerre, froid et puissant. Immortel et beau.

Je lui tins alors, à peu près ce discours:

"Vous qui, sur les morts régnez! Acceptez ici, en témoignage de ma reconnaissance pour votre splendeur, mon dernier combat."

L'homme se tourna alors face à moi et me répondit:
"En voilà un qui me trouve grand! Tu es bien le premier à me sortir de telles sornettes en cette belle nuit."

Tout en apprêtant mon sabre, je continuai:
"Ce ne sont ni sornettes ni autres balivernes de butor. Toute mon existence, j'ai cherché à devenir plus puissant, plus fort, plus habile; afin de régner sur un empire de mort. Que ce jour où je trouvai mon Maître soit béni!"

L'expression dans le visage de l'homme changea brusquement et, avec un air amusé il me répondit:
"Voyons alors ce que ta quête t'a appris, mais gare à toi si tu ne parviens pas à me toucher!"

Et il estoquât une première charge au sabre. Le coup fut foudroyant, je ne sais comment je l'évitai.
L'homme qui ne se sentait plus de joie me lança:
"Allez! Du nerf morbleu! Montres-donc ce que ta quête t'a appris jeune morveux!"

Son arme tournait à une vitesse qui dépassait la raison. Je ne sais comment j'évitai alors ses attaques.
Je décidai de contre-attaquer. Par un glissement habile, je parvins à le toucher au bras. Le bougre avait la peau dure et mon sabre glissa sur cette dernière comme sur une écaille de poisson.
Décidément, je semblais plaire à mon meurtrier en devenir, qui rit dès lors très fort à chacune de mes attaques. Mais subitement, il fit une man½uvre de la jambe qui me priva de mon appui. Je me retrouvai au dos, désarmé, regardant fixement cette créature venue de l'enfer pour me cueillir.
Derrière lui, la lune rouge brillait, ajoutant à son regard, une expression d'éternité blafarde. Je l'aimais cet homme, je voulais qu'il me tue afin de sentir sa lame toute puissante, pénétrer mes chairs. Je voulais qu'il me donne un amour mortel.

Et c'est là qu'il prononça cette phrase lourde de conséquence:
"Si c'est la puissance que tu recherches, je peux te la donner. Mais tu devras me servir et accepter milles souffrances. T'en sens-tu capable?
- Si c'est pour vous servir, demandez ma mort et je vous l'offrirai!
- Qu'il en soit ainsi!" répondit l'homme. Il agrippa mes longs cheveux et, l'instant d'après, je ressentis une chaleur terrible m'envahir. Je pense que je perdis alors connaissance.

Je me souviens d'un songe traversé de milles et unes sensations. Tantôt, un orgasme puissant me parcourait et tantôt, la nuit envahissait mon âme en en gelant les extrémités les plus reculées.

A mon réveil, je découvris une nouvelle vie, une vie au-delà de celle que nous connaissons. Et je vous en narrai les grandes lignes de la façon suivante:

La famille De Masikovitch était un clan de seigneurs puissants en Russie. Que ce soit chez les humains ou chez les ventrues, cette famille jouissait d'une réputation allant largement au-delà des frontières de la Toungouska. La région qu'elle contrôlait était prospère, aidée en cela par mon "papa", qui bien qu'un peu austère d'apparence et aux tendances sadiques, était un seigneur juste et calculateur.

C'était lui qui, très tôt, m'enseigna la politique et ses multiples facettes. Son sénéchal, Zaber Fuchsjagd, un Gangrel fidèle à notre famille depuis des temps immémoriaux, homme de lettres aussi doué à la plume qu'au sabre et professeur d'arme de mon père, m'apprit, lui, à manier les outils précités.

Un vampire ordinaire aurait sans aucun doute été attiré par le faste et le confort de la vie de Ventrue, mais ce n'était pas dans la nature de ma famille qui avait acquis une partie de sa notoriété au combat et qui, comme caractéristique notable, avait lié une amitié profonde avec quelques clans gangrels de notre région. J'entendais parfois le roi prononcer ces mots: "souviens-toi fils; que tu ne dois craindre que ce que tu ne connais pas, et les gangrels, eux, nous sont connus". La coexistence alla si loin que nous reconnûmes la qualité de leurs arts de lutte contre les lupins et les assimilèrent, et, contre toute attente, commîmes même le blasphème d'en introniser certains dans notre clan (avec l'accord du primogène régional, cela va de soi). Naturellement, ces démarches restèrent secrètes afin de préserver l'honneur de notre famille, imaginez les autres primogènes se rendant compte que des gangrels jouissent du statut de ventrues dans les steppes centrales de la Russie!? Le scandale n'aurait pas eu de limites.

Mais les mentalités étaient autres chez nous. Peut-être même avions-nous faits le pas qui manquait à la confrérie des Ventrues: le pas en avant vers une grande alliance camarienne.

Pour en revenir à mon histoire, ajoutons simplement que mon professeur se trouva flatté et se montra particulièrement prédisposé à m'en apprendre les rudiments les plus fins. Ainsi, je progressai rapidement, si ce terme peut s'avérer fidèle à un jeune disciple tel que moi. Mon père, lui, était gorgé de fierté devant mes avancées et m'avait même intronisé au maniement de son épée, le sabre de lune, que je décris plus en détail dans la chronique "armes" et à l'art ancestral de la famille nommé Gyenoziedska (l'art du Génocide).

Zaber m'initia à toutes les techniques, même les plus secrètes arkanes des tueurs de loups garous de son clan, cet art portait le nom peu évocateur de ?????? ?????? (Jybnia Cobakhi). Le lecteur trouvera, dans la fiche annexe nommée "armes", une explication des outils qui sont utiles à cette pratique.

Je fus également, secrètement, envoyé par le sénéchal, en stage pratique chez l'armurier. Car un bon guerrier ne peut être que celui qui peut aisément remettre en état, voir créer, les armes dont il à besoin.

Le lecteur sent ici, que je m'écarte de ma narration initiale, mais il pourra d'autant mieux se rendre compte, de l'importance et de la place que la passion des armes occupe chez moi.

Mais ma plus grande épreuve, fût de parvenir à dompter certains instincts meurtriers qui m'habitaient. Je dus passer des épreuves de maîtrise de moi afin de dompter l'étrange créature qui semble m'habiter, ainsi que mon instinct de prédateur, acquis dans ma vie passée. Il fallait, pour être un Ventrue efficace, que je devienne un Ventrue calme. Agissant par calculs. Autant vous dire que cette épreuve dû bien monopoliser presque vingt années.

Ma vie continua ainsi, quand, brutalement, à l'aube d'un 14 avril, une détonation m'arracha brutalement de mes songes et annonça l'aube d'une nouvelle ère. Et c'est en cauchemar que ma nuit allait continuer. L'inquisition entière semblait s'être rassemblée pour venir nous occire, et c'est en meute féroces, que les chasseurs de vampires s'engouffraient au travers des entrées restées, en ces temps de paix, ouvertes.

D'étranges scaphandriers ouvraient le bal, arrosant les vampires présents, d'une substance acide, liquéfiant ces derniers dans une explosion de douleur atroce.

Dans l'urgence, je m'empressai de rejoindre les appartements de ma mère, à proximité imminente des miens. Mais le sort voulut que je n'y arrive jamais. Je n'eus, au détour du couloir, que l'horrible vision de mon père, le sabre familial à la main, mais encore dans son fourreau, gisant à demi-fondu sur le sol. Ce ventrue qui avait tout donné pour son peuple, était mort comme un chien, sans même, visiblement, avoir eu l'honneur de pouvoir défendre sa vie et ainsi de mourir valeureusement. Je fis mes adieux à mon père, pris son arme, et, au moment où je me relevai, j'eus la sensation qu'on me tirait par le col. Je me souviens encore d'une chute vertigineuse, puis, mes souvenirs sombrent dans le néant.

A mon réveil, Zaber se trouvait à mon chevet, nous étions dans une pièce sans fenêtre dont la seule source de lumière était un vieux poêle de fonte dont la lucarne était restée ouverte. Mon visage me faisait mal, je réalisai alors que j'étais défiguré sur le côté gauche. Mon acuité visuelle était, elle aussi, moins bonne sur ce côté alors qu'elle avait été, jusqu'à ce jour, de tout premier ordre pour un vampire non nyctalope.

Zaber m'appris qu'il lui avait été impossible de lutter contre le nombre incalculable d'ennemis aux armes si étranges et qu'il avait tenté, en vain, de parvenir à mes parents et moi-même avant les inquisiteurs. Son dessin ne fut pas couronné de succès et je suis le seul qu'il put sauver de justesse. Un tireur embusqué m'avait en effet pris pour cible pendant que je me recueillais à l'endroit où était tombé mon père, et le jet, même si il ne fit pas mouche grâce à la présence d'esprit de Zaber, me défigura par sa simple effluve.

J'étais déchiré et sombra dans un mutisme prolongé. Seul la nature, bienveillante en ce mois d'avril, semblait pouvoir me donner un peu de réconfort et je passais mes journées assis, le regard dans le vague, à réfléchir comment je pourrais m'y prendre pour faire payer ces chiens d'inquisiteurs. La bête faillit même prendre possession de moi. Ce n'est que grâce à Zaber et à son infinie patience et dévouement que mes pensées redevinrent plus claires.

Avant la venue de l'hiver, nous quittâmes ces plaines qui m'avaient vu grandir et nous aventurâmes vers l'ouest. Notre direction était la Suisse. Le centre du monde. L'endroit où tout est connu et rien ne se dit. Zaber y avait là des alliés et/ou rescapés de notre famille ainsi que de nombreux contacts dans les familles gangrèles. Cet apport nous permettrait de subsister et de nous introduire de manière discrète dans le paysage.

Discrètement est naturellement un doux euphémisme. Ma stature imposante et mon visage ravagé avaient beau ne sortir que la nuit. Il était difficile de me manquer. Ajoutons à cela, l'encombrant fardeau du sabre familial que je ne pouvais, selon les règles de mon clan, plus jamais quitter, et vous comprendrez aisément que je ne pouvais passer que pour un éléphant dans un magasin de porcelaine. Toutefois, je trouvai aisément un emploi dans le domaine de la sécurité. Peut conscient de cet avantage au début, je réalisai par la suite les multiples atouts à exercer une telle profession. En premier, je peux connaître toutes les régions importantes à fond, en prenant des « missions de surveillance » dans la région, de plus, je peux, par cette profession, nouer rapidement des contacts avec les services de police ou des civils bien renseignés. Travaillant la nuit, ce qui est plutôt idéal pour un vampire, il m'est également possible, quand je passe par des bureaux vides, d'effectuer de l'espionnage pour réunir les informations m'intéressant et, dernier point et non des moindres, cette profession m'assure un revenu me permettant de subsister confortablement et d'alimenter ma vengeance en devenir.

Zaber, lui, avait ouvert une échoppe d'armurerie à Bâle. Très bon stratagème pour avoir librement accès à toute une panoplie d'armes qui, dans ce pays, sont très difficiles à trouver et très règlementées.

J'ai, grâce à Zaber, pu compenser ma perte d'acuité sur la gauche en affinant mes sens. J'ai également procédé à un entrainement en situation réelle. Affrontant dans le pays, des loups Garous esseulés afin de parfaire les techniques qui m'avaient été enseigné au château.

J'ai déjà collecté de nombreuses informations liées aux activités étranges de l'inquisition dans les terres reculées de Russie. Nous avons, en effet, la certitude que la présence de cette institution dans les terres reculées de notre famille n'était pas une coïncidence et qu'un traitre avait dû les y conduire. Bientôt je l'espère, nous saurons qui est notre ennemi. En attendant, nous devons rester discrets et cacher nos vraies identités, tout particulièrement à d'autres Ventrues ou aux humains. Les conspirateurs peuvent être partout.

Je me faits une joie d'intégrer votre équipe pour les missions à venir. En effet, tout me laisse à penser qu'une information décisive dont je suis à la recherche, ne pourra être trouvée qu'au contact de ce groupe.

Alan
Alan, vue par Aquilegia