Pierre Alary
interview réalisée en 2006
Bibliographie :
- Les Échaudeurs des Ténèbres (Soleil)
- Belladone (Soleil)
- Spider-Man Family (Marvel)
Quand tu étais petit, quel
métier voulais tu faire?
Marchand de yaourts d'abord, puis
pompier. J'ai abandonné l'idée quand j'ai compris
que
c'était dangereux. Ensuite, j'ai été
tenté
de devenir chanteur de rock, après avoir
découvert
J'étais tenté d'être chanteur de rock
après
avoir découvert Led Zeppellin.( rire ).
Qu'est ce qui t'a mené à
la BD?
C'est de n'avoir pas pu devenir
marchand de yaourt.
Plus sérieusement, je pense que
l'on a un peu tous le même parcours : on dessine en marge de
nos cours, au fond de la classe et, de fil en aiguille, on en fait
notre métier. J'ai eu une scolarité assez
médiocre...
et par élimination, il n'y avait que le dessin qui me
plaisait. Heureusement que j'ai trouvé un travail dans
l'animation grâce au dessin, parce que je n'avais rien
d'autre.
Tu as fait les Gobelins?
Oui. A l'époque, je travaillais
chez Manpower. Je me suis payé un an d'études de
dessin
en bossant à mi-temps. Je travaillais au
supermarché le
matin et l'après midi j'allais à mes cours de
dessin.
C'est à cette occasions que je suis allé visiter
les
Gobelins, lors d'une journée portes ouvertes. Un
élève
des Gobelins était passé à
l'école de
dessin pour nous en avertir.
Quand je suis allé faire cette
visite, mon premier mouvement a été de partir,
car les
élèves faisaient du dessin animé, ce
qui ne
m'intéressait pas du tout à l'époque.
C'est un
des élèves qui m'a rattrapé dans la
rue et m'a
dit : « Viens, maintenant que t'es
là ».
Je suis resté, et j'ai vu qu'ils dessinaient toute la
journée
dans une bonne ambiance. J'ai décidé de passer le
concours d'entrée. Et pourtant l'animation, je n'en avais
rien
à faire.
Tes albums de BD préférés
quand tu étais petit?
Surtout les classiques franco belges
(Hergé-Franquin ) et les comics de Corben. Je l'ai
découvert
à 12 ans, ça a été une
révolution.
J'achetais toute sa production. Par la suite, je me suis
dirigé
vers Conrad, en franco belge, et Bernie wrightson en comics. Ensuite
il y a eu bien sûr Frazetta, Neal Adams... Puis je suis
remonté
jusqu'à leurs influences respectives, tous les illustrateurs
du début du siècle ( Gibbson, Dean Cornwell... )
Génération métal
hurlant?
Oui... mais en même temps, Métal
Hurlant, je ne comprenais pas tout. J'aimais bien Challenge, mais les
autres moins. Il y avait un côté rock que je ne
comprenais pas. Par contre, le coté
« Outcast »
était super excitant pour un gamin.
As tu des anecdotes de ton passage
chez les gobelins?
(rire) Pleins. Ce qui était bien
aux Gobelin, c'était le côté
professionnel. Nous
avons eu des intervennats de chez Universal ou de chez Spielberg, qui
nous apprenaient les métiers des différents
départements de l'animation.
Il y avait aussi un autre côté,
très scolaire, et très amusant. Nous
étions
répartis en deux classeset on s'amusait à
s'envoyer des
boules de papier, des insultes ridicules à la cantine...Tout
restait bon enfant. Ce sont de très bon souvenir.
Comment es tu passé des
gobelins au studio Disney de Montreuil?
Les Gobelins sont une des rares écoles
de formation professionelle pour l'animation en Europe et constituent
le vivier des studios. Je crois qu'il y a eu d'autres éoles
de
ce type en Belgique et en Irelande, mais grâce aux anciens
issus des Gobelins devenus depuis des sommités, cette
école
avait acquis une certaine réputation.
De plus, à l'époque,
Spielberg avait encore ses studios d'animation à Londres,
ceux
qui avaient réalisé Fievel au Far West et Balto.
Leurs
départements d'animation étaient pour la plupart
gérés
par des Francais qui sortaient des Gobelins, et qui y revenaient pour
trouver d'autres collaborateurs.
Il y avait aussi les studios de Paris,
qui n'étaient pas encore ceux de Disney mais appartenaient
aux
Frères Brisy, qui venaient aux Gobelins pour y
dénicher
de nouveaux employés. Nous étions trois de ma
promotions à avoir obtenu un rendez-vous avec les
frères
Brisy à la fin de nos études. Ils ont
regardé
nos dossiers et nous ont embauchés immédiatement,
ce
qui nous a permis, sitôt sortis de l'école,
d'attaquer
chez Disney pour 10 ans ( rire ).
Sur quel projet as tu commencé
à travailler chez Disney?
Le premier, a été Goofy
Movie ( Dingo&max ). Par la suite, nous avons
travaillé,
dans le désordre, sur Le bossu de notre dame, Hercule,
Tarzan,
Kuzco, Atlantis, quelques courts métrages, et enfin nous
avons
fini avec le livre de la jungle 2.
En quoi consistait ton travail
exactement?
Au début , j'étais
assistant animateur, c'est à dire que je reprenais les
dessins
« rough » de l'animateur, que je
remettais en
volume, au propre. Ceci permettait déviter, par exemple, le
changement intempestif de volume d'une partie d'un personnage d'un
dessin à l'autre. Ensuite, je suis passé
animateur.
J'ai commencé sur le personnage de Tarzan.
Tu as des anecdotes?
Sur Goofy Movie l'entreprise était
encore « bien
française », c'est à
dire que nous ne travaillions pas encore au rythme des grosses
productions de long métrages américains. Tout le
monde
faisait plein de caricatures, et même de temps en temps des
dessins un peu sordide (rires). Il y en avait partout. Le soir, nous
buvions du vin rouge. Quand les américains venaient nous
voir,
nous devions décrocher tous les dessins et faire place
propre.
Lorsque les américains se sont
définitivement installés, nous finissions Goofy
Movie.
Nous étions en bas, un peu comme des reclus, avec tous les
département dans une seule pièce. Par contre, eux
ont
commencé à installer de super locaux en haut.
Nous
attaquions un court métrage qui s'appellait
« Runaway
Brain » ( Mickey perd la tête) et qui
coutait une
fortune. Il y a eu un début de guerre de clan assez marrant
où
on nous interdisait de monter. Nos anciens collègues nous
confinaient en bas. Petit à petit, nous sommes tous
montés,
pour travailler sur ce court métrage ou de grosses
productions. A partir de ce moment, c'est devenu plus
sérieux.
Nous avons arreté d'accrocher des petites culottes dans nos
bureaux. C'est devenu un peu moins rigolo. On a rencontré de
formidables artistes comme pour Tarzan ou Glen Keane. Nous avons
bossé un an et demi avec lui et nous avons
énormément
appris.
Tu as eu l'occasion d'aller à
la maison mère?
Oui, en effet. J'ai pas mal d'amis qui
habitent là bas et qui travaillent dans le dessin
animée,
pas forcément chez Disney, mais aussi chez Dreamworks.
C'était
bien, mais un peu trop grand, trop de monde. On
préfère
notre côté plus « studio
français ».
Tu as commencé chez Disney
pendant la période où ils voulaient rendre leurs
dessins animées un peu plus
« adultes »,
comment as-tu vécu cela?
Notre principal intérêt
était de travailler sur des séquences
intéressantes.
Nous somme surtout des techniciens du dessin animé. Bien
sûr,
toutes les séquence sont intéressantes mais
certaines
le sont plus que d'autres. Sur Tarzan, nous étions
emballés
par le sujet, et son côté plus adulte.
Mais le problème principal vient
de Disney car « le sucès tue le
succès ».
Après le roi Lion qui était devenu un
« mètre
étalon », tant au niveau de la
construction
dramatique que narrative. Ils ont voulu donner la même
structure à tous leurs films, ce qui n'était
certainement pas une bonne chose.
ils ont donc toujours voulu faire et
refaire le Roi Lion, ce qui leur a fait perdre beaucoup de choses au
niveau artistique.
« La Ferme se Rebelle »
était le dernier film en 2D de disney, es tu
déçu?
Oui, évidemment. Nous l'avions
vu venir de loin, avec les recherches, les roughs...
Ils ont été maladroits.
Ils ont voulu retrouver le succès en ciblant un public qui
avait déjà laissé tomber. C'est
dommage d'avoir
fini comme ça.
L'un de tes premiers projets de BD a
été « Griffin
Dark » scénarisé
par Crisse. Comment l'as tu rencontré?
Je voulais faire de la bande dessinée.
J'avais déjà le projet des Échaudeurs,
avec
lequel j'étais allé voir Galmot (chez Vents
d'Ouest).
Il était intéressé. Le dessin
n'était pas
encore au point mais il aimait bien la folie du projet. Il nous a
demandé de faire de petits shorts ou strips de 7 pages dans
« les petits rêveurs »
(un collectif sur
le petit prince avec Loisel). Par la suite, j'ai fait quelques
histoires dans la revue Golem.
Didier avait vu les planches et les
dessins, et les avait appréciés. Il a
demandé à
nous rencontrer et nous a montré son projet de Griffin Dark,
que j'ai trouvé intéressant. Nous nous sommes
lancés
dans le projet, mais la progression a été un peu
chaotique. Je n'avais jamais fait de BD auparavent, nous devions
aller vite, et en parallèle je travaillais toujours chez
Disney. Rentrer chez soi le soir pour faire deux pages de BD par
semaine, avec des immeubles de New York en contre plongée,
ce
n'était pas évident. Mais Didier était
très
gentil et ça c'est bien passée.
Pourquoi avoir pris un pseudo pour
écrire Griffin Dark ?
A la base, c’est pour des raisons
contractuelles avec Disney. Nous avions des contrats
d’exclusivité,
et je n’ai pas voulu prendre de risque. Mais finalement
c’était
inutile.
Comment as-tu rencontré Bertrand Mandico, le
scénariste des Échaudeurs?
Aux gobelins. Il était de la
même promo que moi. Il était bourré
d’idées
et avait un style de dessin qui lui permettait d’aller
très
vite. Nous étions une bande de copains partageant le
même
humour, assez cynique, décalé et les
mêmes bases
culturelles. Nous étions partis dans cette aventure farfelue
dérivée d’Harry Dickson, et le
scénario allait
encore plus loin. La première ébauche
mériterait
d’être racontée.
Comment est
venue l’idée des Échaudeurs des
Ténèbres ?
J’adore la Hammer, les films de
genre, de série B, Harry Dickson. J’ai
lancé l’idée
des détectives du surnaturel comme Dickson pour les
héros
de la série. Nous avons écris une BD pleine de
références mais sans tomber dans la BD
d’initié,
il fallait que ce soit populaire. Nous voulions faire des
scènes
d’actions innovantes, tout en revisitant des
thèmes du
fantastique.
Malheureusement le succès n’a
pas suivi. Les lecteurs qui l’ont lus ont aimés
mais il n’y
en a pas eu assez (sourire). En plus, pour
l’éditeur, c’est
une BD un peu marginale…
Comment as-tu rencontré
Ange ?
Chez vents d’Ouest, au cours de
différentes soirées. Nous avions un ami commun,
Laurent
Galmot. Nos parcours étaient un peu différents.
Nous
avions des goûts communs en musique ou en BD, mais eux
pratiquaient également le jeu de rôle, qui ne
m’a
jamais intéressé. Ils appréciaient mon
travail
et ils voulaient que l’on travaille ensemble, à
condition
que l'on trouve le sujet.
Rapidement, ils ont commencé à
bien me connaître. Ils ne m'ont donc pas proposé
de
dragons, mais Belladone. Ils ont quand même réussi
à
me faire dessiner une femme alors que je m’étais
juré
de ne jamais en dessiner ! (rire)
Pour quelle raison ne voulais-tu
pas ?
C’est trop dur (sourire). Il y a
tellement de gens qui les dessinent si bien...
Je ne me voyais pas en dessiner à
mon tour, mais c’est vrai qu’il y a un
côté
« commercial » toujours
intéressant
(sourire) et puis c’est un bon défi.
Tu as travaillé avec deux
scénaristes distincts, leurs méthodes
étaient
différentes ?
Oui (rire). Rodolphe écrit tout
à l’avance. Je suis d'ailleurs partisan de cette
méthode
: le dessinateur peut ainsi connaître toute
l’histoire dès
le début. On regardait le storyboard à deux et on
éliminait ce qui n’allait pas. Ange, travaille
d’une autre
manière. Je m’y habitue mais c’est pas
évident, il
faut faire des compromis.
Guarnido travaillait chez disney,
toi aussi. Penses tu que la bande dessinée c’est
l’avenir
des animateurs ?
Non, ça n'a rien à voir.
Nous étions chez Disney parce que nous aimions la BD. Le
premier amour de tous les gens qui bossent chez Disney, c’est
le
dessin. Nous avons toujours tous eu envie de faire de la BD.
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, on ne fait
pas de la BD parcequ’on s'est fait virer chez Disney (rires).
Si
les studios de Disney étaient encore là, on
continuerait à travailler chez eux, et on ferait de la BD en
plus. L’un ne remplace pas l’autre.
Ton côté
« animateur »
t’aide-t-il pour dynamiser les planches ?
Peut-être que cela me donne une
vision plus globale d’une scène. La position du
personnage
dans le décor me semble plus évidente. Je ne suis
pas
bloqué par le cadre. Pour le reste, je pense que
n’importe
quelle personne qui regarde des films sait faire des raccords sur des
mouvements entre case. Mais malheureusement, dans la BD actuelle, on
voit souvent des scènes un peu figées. Les
raccords de
mouvements sur plusieurs cases sont rarement employés.
Y a-t-il d’autres scénaristes
avec lesquels tu aurais aimé travailler ?
Il y a plein de gens avec qui
j’aimerais travailler, en particulier Vellman. Nous en avons
déjà
parlé mais il a un travail fou. J’ai aussi des
projets
personnels d’adaptations qui
n’intéresseraient pas
forcément les autres mais qui me tiennent beaucoup
à
cœur.
Au niveau du design de Belladone
as-tu eu des libertés ?
Ils m’avaient décris une
petite nana de 20 ans, j’en ai fais une de 40 (rire).
Sérieusement,
ils m’avaient seulement décris une femme brune de
20 ans,
car ils me faisaient suffisamment confiance en tant que dessinateur.
Pour le design, j'ai procédé, comme je le fais
souvent,
en regardant les dessins d'autres personnes. Ensuite, j'ai
rajouté
mes idées personnelles.
Pour le découpage aussi ils me
font confiance, et d’ailleurs j’en suis
flatté. Ils savent
qu’avec moi ils n’ont pas trop de questions
à se poser.
Ils font leur travail de découpage mais si je veux
redécouper
une planche, ils me laissent le faire. Je suis entièrement
libre, tant que je garde le ton et l’esprit de la page.
Tu fais des recherches historiques
pour les décors comme avait pu faire Juillard sur Les 7 Vies
de l’Épervier ?
Je bosse effectivement en regardant les
« Éperviers » pour les
décors,
les vêtements…Mais je n’aurai jamais le
courage de tout
retranscrire comme Juillard l'a fait.
Je regarde aussi les dessinateurs qui
m’inspirent, comme Bodard ( ?) .Je veux travailler
un peu
comme
« l’anti-épervier »,
ne pas
tracer tous les murs toute les cases, trouver un système
plus
direct. Et bien sûr je regarde des livres de documentations,
sur l’architecture par exemple.
As-tu déjà planifié
une sorte d’évolution graphique ?
Il y a une évolution narrative,
mais pas graphique. En tous cas pas planifiée. Si il doit y
en
avoir une, elle se fera toute seule. J’ai parlé
avec Gérard
( Le Ge d’Ange ndlr ) de ce que je voudrais faire pour les
prochains cycles, qui sont vraiment des chapitres. Mais je n'ai pas
envie de me lancer dans une trop longue histoire. Je veux faire une
série courte, ne pas tirer sur la corde.
J’aimerais aussi
que les décors s’installent mieux dans le dessin.
Enfin... j’arrive déjà
à répondre à mes questions
d’un album à
l’autre, c’est plutôt bon signe.
Qu’est ce qui t’as séduit
dans l’histoire de Belladone ?
J’aime bien tout ce qui est « films
de genre », et reprendre quelque chose de classique,
connu
de tous, et le pousser un peu plus loin. Ici, nous avons
ajouté
un passé indien à
l’héroïne et nous avons
obtenu quelque chose d’original. C’est cette
idée qui m’a
beaucoup plus, ce côté
« hindoue »
(rire).
Combien de temps passes-tu sur une planche ?
J’aimerais trouver une méthode
de travail pour ne pas me perdre sur mes planches.Pour le tome 2,
j’ai commencé à la trouver. Je passe en
moyenne 2-3
jours par planche : une journée pour le story-board, une
journée pour les bulles et une dernière pour le
dessin.
Je veux travailler vite et bien.
Comment se passe ton travail avec
Patrick Noël ( coloriste) ?
Très bien. Il est résistant
car en amont, je fais un certain nombre de choses qui pourraient
être
rebutantes pour un coloriste. Comme je suis un peu un coloriste
frustré, je lui prépare les pages. Ce n'est pas
parce
que je n’ai pas confiance, mais c'est parce que
j’ai des idées
bien précises en tête. Sur les photocopies que je
lui
donne, je lui installe toutes les ombres. Je lui donne aussi des
idées de tableaux pour lui expliquer ce que je veux comme
lumière… Il est très patient et il
pousse la couleur
encore plus loin. Par ailleurs, je voulais un coloriste traditionnel,
qui ne travaille pas à l’ordinateur.
Belladone t-at-il réconforté
un peu par rapport à tes autres séries ?
Nous avons un succès critique,
mais pas commercial. Belladone s’est vendue à
peine autant
que Griffin Dark (rires). Pourtant, c’est vrai
qu’au niveau du
public ou des critiques, c’est agréable. La
série à
l’air de plaire. À Toulouse, une mise en
scène avec
d’autres personnages de cape et
d’épée est prévue.
Il y a aussi une statuette est en préparation.
Malgré
tout Le succès de vente ne suit pas encore.
Quel genre graphique voudrais tu
explorer dans l'avenir ?
J’aimerais faire du Bodard, mais j’ai
beau essayer je n’y arrive pas. Régis Loisel
m’avait dit
d’essayer de changer d’instrument, car suivant la
plume ou le
crayon qu’on utilise, on n’obtient pas le
même rendu. J’ai
suivi son conseil, mais comme comme effectivement ce
n’était
pas le même rendu, ça ne m’as pas plu.
J’essaye de changer de méthode.
Maintenant, par exemple, j’imprime les crayonnés
directement
en bleu, et j’encre sur le bleu. Je pousse moins les
crayonnés...
Je me dis que je vais trouver une sorte d’énergie
en prenant
des risques en encrant directement.
Quels sont tes projets ?
Dessiner Belladone 3 (rires).
Et puis on m’a proposé de
faire une illustrations pour le deuxième collectif sur Serge
Gainsbourg et trois pages pour un collectif sur
« les
poilus », qui se prépare. Là aussi,
j’ai encore
un peu changé ma façons de travailler.
J'ai également un projet
personnel d’adaptation dont je ne parle pas encore et une
collaboration future en négociation.
J’aimerais bien aussi faire un
Western un peu fantastique. Aller très loin un peu comme
Jodorwsky sur « Bouncer ». Il
circule chez les
éditeurs mais pour l’instant il n’ y a
pas de retour.
Dessiner une histoire de pirates me
plairait également. Je lis des anecdotes sur les pirates et
j’ai l’impression de ne jamais les lire enBD, alors
que ce sont
des bons point de base pour un scénario.
L’esprit « roman
feuilleton » se passant au début du
siècle
m’intéresserait aussi, un peu comme sur les
Échaudeurs.
Sur un marchand de yaourt ?
Pourquoi pas ? J’aimerais avoir
le talent pour faire une BD réaliste. Des histoires simples,
ça peut-être très joli.
Un nouveau personnage féminin
en préparation ?
(rire) Non. J’ai un peu le syndrome
Hergé.
Ou alors peut-être pour une belle
histoire d’amour mais je crains de tomber dans la
sensiblerie. Je
suis très sensible et j’ai peur de faire trop
mièvre.
J’avais un projet qu’un ami m’avait
proposé. Une
histoire d’amour éternelle avec un
fantôme. Un mari
cherchait le fantôme de sa femme mais elle ne le
reconnaissait
pas. Il faudrait trouver un personnage plus
réservé,
plus sensible que Belladone.
Que pense tu de la production de BD
actuelle ?
Je n'en lis pas beaucoup. Les rayons
changent vite et les libraires sont obligés de faire une
sélection qu'ils le veuillent ou non. Il en faut pour tout
le
monde… C’est sûr, on pourrait
éviter de publier
certaines BD, mais elle se vendent bien et ce sont elles qui
amènent
l’argent pour d'autres productions, même si elles
prennent
de la place dans les rayons. C’est un peu la
« Star
ac ».
Quel conseils donnerais tu à
un jeune dessinateur ?
(Rire) Les fameux conseils... Je ne
suis pas très bon dans cet exercice.
Déjà, des
conseils, j’aimerais déjà
qu’on m’en donne. Je
pense que la meilleure école c’est de copier les
gens qu’on
aime bien. De toute façons, le naturel revient au galop et
on
ne peut pas faire du mimétisme ad vitam aeternam.
Merci et à bientôt pour
ton prochain album !
Merci à vous.