Didier Crisse
interview réalisée en 2005
Bibliographie :
- Les Ailes du Phaéton
- Atalante
- Axiomes
- Cañari
- Les Compagnons de la Taïga
- Cosmos Milady
- L'Epée de cristal
- Erotic fantasy
- Griffin Dark
- Ishanti - Danseuse sacrée
- Kookaburra
- Kookaburra K
- Kookaburra Universe
- Lorette et Harpye
- Luuna
- Nahomi
- Ocean's Kings
- L'Ombre des damnés
- Les Ombres du passé
- Perdita Queen
- Petit d'homme
- Private Ghost
Quel métier désirais-tu faire, quand tu étais enfant?
Joueur
de foot. Je voulais etre footballeur, mais je n'étais pas
assez méchant (rires).
Qu'est
ce qui t'a conduit à faire de la bande dessinée?
Etant
jeune, à part jouer au football, j'aimais rever à
des
histoires. En Belgique, le seul medium relativement accessible, c'est
la bande dessinée, sinon, tout se passe en France. Le
cinéma,
c'est pratiquement inabordable pour ceux qui ne sont pas dans le
milieu, et puis, en Belgique, le cinéma, ça
n'existe
meme pas.
Par
conséquent, meme si je voulais faire de la
littérature
ou quelque chose dans le genre, j'aurais du quitter la Belgique ce
dont je n'en avais pas envie, à l'époque. Alors,
comme
j'avais un petit don pour dessiner mes histoires, je me suis
automatiquement tourné vers la bd.
D'ailleurs,
à chaque fois que j'avais de bonnes notes à
l'école,
un de mes oncles me ramenait des Johan et Pirlouit, des Boule et
Bill, des Astérix..... Depuis très jeune, je
baignais
la-dedans.
Je
n'arrivais pas trop mal à reproduire le dessin des autres :
j'arrivais à faire les schtroumpfs, Lucky Luke et Asterix,
de
tete (rires). J'en étais très content.
Ça
amusait les copains et de fil en aiguille, j'en ai
été
ammené à en faire mon métier.
Dans
les BD de ton enfance, quelles sont celles que tu
préférais?
Eh
bien... A part celles que j'ai cité précedemment,
j'aimais beaucoup Alix, Tanguy et Laverdure, Olivier Rameau....
Toutes les bd classiques belges, franco-belges...
J'ai
mis beaucoup de temps à admettre la nouvelle bd,
amenée
par Hugo Pratt, Moebius et consort. Elle me passait à des km
au dessus de la tete. Pour moi, la bd, c'était Boule et
Bill.
Il a fallut qu'un copain me dise : « Mais si,
regarde,
c'est bien, c'est intelligent! » pour que je m'y
mette
(rires).
Quelles
sont tes principales influences?
Mes
« grand frères », mes
trois papas
spirituels, ce sont Uderzo, Disney et Dany. J'ai essayé de
m'en écarter un moment, mais ça revient de plus
en plus
fort. Maintenant, je n'en ai plus honte (rires).
Par
la suite, j'ai eu d'autres chocs visuels avec des desinateurs
americains comme Frazetta, Bernie Wrightson...
Tu
t'es effectivement beaucoup influencé de Dany pour faire
Ocean's king, ta première publication dans Spirou. Comment
t'es venue l'idée de faire une série sur les
dauphins?
C'est
en me promenant dans un parc de loisirs pour enfants, Walibi. Il y
avait un petit bassin pour les dauphins, et plutot que de me faire
rever, ça m'a rendu triste pour ces animaux.
C'était
une période où je ne supportais pas de voir des
animaux
en cage. Je trouvais ça plus malheureux que joli.
Tu
étais scénariste et dessinateur, ce
n'était pas
trop dur?
Non.
À la base, je voulais vraiment raconter des histoires.
J'avais
un tout petit talent de dessinateur – je suis totalement
autodidacte - mais ce qui me motivait, c'était d'imaginer
des
histoires. J'étais meme prêt à le faire
pour les
autres, mais en belgique, on cloisonnait très fort les
métiers
de dessinateur et scénariste. On pouvait etre dessinanteur
et
scenariste pour soi, mais dessinateur et scenariste pour soi, et en
plus scenariste pour les autres, c'était très
compliqué.
Un
dessinateur accepte très difficilement qu'un
scenariste-dessinateur lui écrive des histoires. D'un
scenariste, ça lui semble logique, mais d'un autre
dessinateur...
De
plus, un dessinateur pensera que ce n'est pas la meilleure histoire
que je lui amène, car la meilleure, je l'aurais
gardée
pour moi (rires). Alors que c'est faux!
Tu
as dessiné Ocean's King pour Spirou, puis tu es
allé
chez Tintin, comment ça s'est passé?
Je
faisais mon service militaire, et je dessinais le soir, chez moi ou
à
la caserne. À la fin de mon service Le Lombard m'a
simplement
proposé un petit peu plus de sous à la page que
Dupuis.
J'ai
fais un conte de Noël : Nahomi. Pour moi, ça
s'arrettait
à ces 8 pages mais on m'a dit « Non, non,
c'est un
bon sujet, il faut faire d'autres histoires ».
Pourtant
je n'étais pas du tout prêt à faire
dans le
japonais! Moi je voulais faire de l'heroic fantasy, mais à
l'époque on ne pouvait pas (rires). En plus, Le Lombard
avait
déjà Aria dans ce créneau, j'ai donc
continué
Nahomi.
Justement,
pour Nahomi quelles ont été tes sources
d'inspiration?
Étrangement,
c'était le seigneur des anneaux, dont j'avais vu le dessin
animé à l'époque. Il y avait aussi le
film
Connan le Barbare, qui venait de sortir. Ça n'avait rien
à
voir avec l'histoire d'une petite princesse japonaise, mais
c'était
ce que je voulais faire!
Je
n'ai eu de cesse de ramener ce monde là dans celui des
samourai japonais. C'était nul, parce que que
c'était
un sujet en or à l'époque. J'aurais fais Mulan
avant
Disney, mais j'étais trop jeune, pas assez
cultivé pour
penser à celà. J'étais dans le plaisir
immédiat
: faire de l'heroic fantasy. Comme on me demandait du japonais, je
faisais de l'heroic fantasy mélangée à
du
japonais (rires).
Nahomi,
au départ, c'etait des histoires assez courtes, qui se sont
progressivement allongées. Tu t'es attaché
à tes
personnages?
En
fait, c'était une volonté du Lombard, car le
journal
Tintin avait du mal à fonctionner à
l'époque.
Ils voulaient des histoires complètes, longues de 15 pages.
On
devait s'arranger pour que trois histoires mises bout à bout
fassent un album d'environ quarante cinq pages. Il devait y avoir une
sorte de chute « à
suivre » à
chacun des récits, pour la mise en album. Ça
devenait
n'importe quoi. C'était des histoires courtes
gonflées
en albums (rires).
Comment
faisais-tu ton scenario ? En te disant « je verrais
bien
ce qui se passera après » ou en
planifiant par
avance ?
C'était
à une époque où j'étais
très
frustré. La rédaction trouvait que j'avais de
bonnes
idées, mais que je les exploitais mal. Donc il m'ont dit
« Il
te faut un scénariste. »
Moi
qui dessinais pour raconter des histoires, on m'imposait un
« raconteur d'histoires »!
Pourtant,
je ne me sentais pas spécialement dessinateur. J'ai
commencé
à travailler avec Bom, qui m'a aidé. On est
devenus
très copains, on discutait beaucoup. Le seul
problème,
c'est qu'il faisait vraiment trop « jeune
public ».
Moi je visais plus grandiose!
Malheureusement,
je me suis sentis très à l'étroit dans
Nahomi.
Je le regrette, car encore maintenant, il y a beaucoup de gens qui
viennent me parler de cette série.
Tu
aimerais reprendre Nahomi si on te le proposait?
Non,
j'ai effectivement envie de faire des histoires pour enfants, mais
autre chose : j'ai un peu évolué. Faire une
petite
princesse japonaise, pourquoi pas, mais plus intelligemment, en
respectant vraiment les règles du genre. Surtout, en ne
mélangeant pas des trucs qui sont inmélangeables.
Quels
enseignements as-tu tirés de tes deux premières
séries?
J'en
ai tiré beaucoup, mais surtout sur la mentalité
belge,
et le travail de la BD. Ce sont des gens qui ne se prennent vraiment
pas au sérieux et qui font leur métier
sérieusement.
J'ai appris l'humilité et à bien faire mon
travail.
Il
me semble que les dessinateurs français sont beaucoup
à
l'écoute d'eux-meme, et non du public.
L'humilité...
Par
la suite, tu as commencé l'Épée de
Cristal.
Comment en es-tu venu à travailler avec Goupil?
Vent
d'ouest avait racheté les « Ombres du
Passé ».
Dans mes cartons, il y avait une héroine,
habillée
comme Zoria, qui s'appelait Zebra. Goupil m'a demandé ce que
je voulais en faire. Je lui ai dit :
« De
toutes façons, l'héroic fantasy, c'est pas
compliqué,
tu prends une nana, tu balances un dragon, un machin qu'elle doit
combatre. Elle a une épée, elle combat, et puis
c'est
fini (rires).
-
Tu
ne veux pas que je creuse un peu plus?
-
Bof...
si tu veux.... »
L'héroic
fantasy, d'un point de vue graphique, j'adore – c'est un
vecteur
fort pour faire de beaux dessins – mais raconter des
histoires
la-dessus je trouve ça ininteressant. Il y a très
peu
de scénarii. Les seuls qui sachent plus ou moins se
débrouiller, c'est Loisel et Le Tendre avec la Quete de
l'Oiseau du temps. Il y a là un vrai travail de
scénario.
Sinon, l'héroic fantasy, c'est une succession de beaux
dessins, ou un univers cohérent, point.
Tu
n'as pas eu envie de faire ton Seigneur des Anneaux?
Dès
qu'on veux faire quelque chose comme le seigneur des Anneaux, c'est
très compliqué, parce que Tolkien a
ratissé
tellement large qu'il a tout pris : les légendes celtes,
slaves, nordiques... dont il a fait un ensemble. On ne peut pas
passer derrière lui, il n'y a plus de place.
Même
si on ne fait pas des nains, et qu'on opte pour un personnage petit,
c'est un hobbit. Alors on se dit « Non va faire
plutot des
elfes... », mais il y en a
déjà dans le
Seigneur des Anneaux.
Sinon,
j'ai fais une tentative avec les Princes d'Ambres de Zelazny, mais
c'était trop complexe. Il fallait appeler son agent
français,
qui appellait son agent américain, pour qu'il demande
à
Zelazny si ça l'interressait... Il vaut mieux travailler
avec
un auteur français, mais les auteurs français qui
font
de la bonne héroic fantasy... Je n'en connais pas (rires).
Il
y a quelques écrivains comme Anne Mc Caffrey, qui ont fait
des
histoires tellement fortes... Et puis, je ne peux pas balancer, mais
il y a aussi des séries d'Heroic fantasy qui marchent
très
bien et qui ne sont que des plagiats (rires).
Pour
en revenir à l'épée de cristal, la fin
du
scénario était-elle prévue depuis le
début?
Plus
ou moins. On avait une vague idée, puis au fur et
à
mesure de l'évolution de l'histoire, on s'est rendu compte
qu'il n'y avait que cette fin là qui puisse terminer le
cycle.
En
meme temps, quand il n'y a pas de scénario, autant avoir une
bonne fin (rires), ça sauve la mise.
Sa
reprise en 2004 a fait couler beaucoup d'encre. Comment vous est
venue l'idée de reprendre cette héroine?
C'était
une volonté de l'éditeur Soleil, qui voulait
avoir
l'épée de cristal à son catalogue.
Comme Vent
d'Ouest ne voulait pas vendre, et que moi je ne voulais plus
travailler pour eux, le seul moyen de poursuivre la série,
c'était de la continuer chez Soleil. C'était
difficile
de mettre tout le monde d'accord. Moi, comme j'avais Atalante qui
remplaçait Zoria, je n'avais plus spécialement
besoin
de refaire l'épée de Cristal; par contre, Goupil,
ça
l'interressait bien de relancer l'histoire avec un nouveau cycle.
Bizzarement,
on a eu du mal à trouver quelqu'un pour reprendre le
pinceau. Plusieurs personnes ont été
proposées à
Goupil, qui les a toutes refusées, pour imposr Chritian Bom,
quelqu'un de gentil au demeurant. Moi, je me suis fortement
désengagé, à part le story board des
dix
première planches – j'en ai dessiné six
integralement. Je n'ai plus rien à voir là dedans.
Et
quel regard portes-tu sur cette suite?
Joker
(rires).
Après
l'épée de cristal, tu as quitté
l'héroic
fantasy et tu as repris la casquette de scénariste pour
Perdita Queen. Quelles sont tes influences pour cette série?
« Les
Yeux de Laura Mars » et
« Warlock »...
mais ma plus grosse influence, c'est un croquis de Perdita Queen qui
m'a fait rever pendant des mois. Ça, c'est ce que j'aime
faire, du thriller fantastique. Écrire un policier
fantastique, c'est vraiment de l'horlogerie fine. Il y a une vraie
histoire, il faut tenir compte des 46 pages, de plein de
paramètres... Il n'y a pas tout à coup un coup de
baguette magique qui fait apparaître un élement
pour
s'en sortir, pour relancer le suspens. Il faut se creuser la tete
pour que tout se tienne. J'étais très fier du
scénario
de Perdita Queen.
Un
polar, mais toujours avec une touche de fantastique?
Oui,
parce que quelque part, il faut un peu de fantastique pour faire
rever. Le polar pur et dur, j'aime bien aussi, mais il manque parfois
la touche poétique. Il faut etre un très grand
metteur
en scène ou écrivain pour faire un bon polar. Une
belle
histoire policière tout en finesse, je n'en ai pas encore
trouvé l'idée.
Justement,
le fantastique permet de basculer dans un univers, un petit peu...
fantastique. (rires)
Est
ce que tu aimerais reprendre cette série?
Oui,
définitivement. Ce serait un très grand plaisir.
Comme
je ne voulais plus travailler pour Vent d'Ouest – j'ai eu un
problème d'argent avec eux à la fin de Perdita
Queen –
la série a longtemps été
bloquée . En
plus, il ont fait une sorte de suite, ou série
parallèle
– Griffin Dark – qu'ils ont massacrée.
Il y a des choses
qui ne se font pas : ils ont obligé un dessinateur
à
faire l'album en six mois, alors qu'il travaillait
déjà
à temps plein à coté. Il ne pouvait
dessiner que
le soir. Ensuite, ils ont mis six mois pour le mettre en couleurs, il
aurait donc eu un an pour le faire.
Et
puis cette couverture noire sans dessin, en ne mettant qu'un bandeau
avec mon nom... C'était nul.
Maintenant
que Soleil a racheté les droits, l'ouverture est possible,
il
ne me manque que le temps. J'ai développé
tellement de
projets à coté depuis... Il faut finir tout
ça
avant de passer à autre chose.
En
même temps, comme l'héroine est plus ou moins
morte dans le
dernier album... La reprendre dix ou quinze ans plus tard, ce serait
dommage. Autant créer une autre héroine, sa
petite
soeur, ou sa grande soeur par exemple.
Comment
en es-tu arrivé au projet Kookaburra?
Sachant
que j'avais des soucis avec Vent d'Ouest, Mourad Boudjellal m'a
appellé. Il m'a tendu la main: « Viens
chez nous,
et tu feras ce que tu veux. »
J'ai
accepté. J'ai regardé un peu ce qui se faisait
chez
Soleil, et puis j'ai vu Lanfeust, qui en était au tome deux
ou
trois, qui commençait à frémir et qui
sentait
bon le succès. Je ne voulais pas ammener un projet
concurrent
chez le meme éditeur, pour qu'il ne sache pas lequel
pousser,
alors, je suis arrivé avec une histoire de Science fiction.
Je
l'avais vaguement préparé pour Vatine, pour la
collection série B chez Delcourt. C'est parti comme
ça.
Justement
quelle impression as-tu eu en collaborant avec Vatine?
Beaucoup
de respect (rires), parce que si les papas spirituels de mes
débuts
c'était ceux que j'ai nommés plus haut, j'ai
maintenant
deux cibles, c'est Olivier Vatine, et Claire Wendling. Bon, Olivier,
je commence un peu à rentrer en concurrence avec lui, je le
rattrape un peu, mais Claire, elle est extraordinaire. A chaque fois
que je vois un album, meme si il n'y a qu'un seul dessin d'elle,
j'achète. Je suis un fan absolu de Claire Wendling. Et...
c'était quoi déjà la question?
Comment
as-tu rencontré Olivier Vatine?
C'était
à Angoulème, il est venu me voir et il m'a dit :
« J'aime bien ce que tu fais. On
développpe un
concept chez Delcourt, et on aimerait bien que tu en fasse
partie. »
J'étais vraiement étonné qu'il puisse
s'interresser à moi. Je n'ai pas un regard
spécialement
auto-suffisant : je regarde mes dessins en me disant
« Ça
me sert à raconter mes histoires ».
Je
ne sais pas où me situer au niveau dessin. Alors que
quelqu'un
comme Vatine s'interresse à moi, j'ai trouvé
ça
fabuleux.
Pourquoi
as-tu arreté de dessiner la série Kookaburra?
Quand
j'ai commencé Kookaburra, j'étais
persuadé que
c'était ma série, que je finirais ma vie avec,
mais ça
a démarré moyen – quand je dis moyen
c'est 20 000
exemplaires. Vu que je venais de l'épée de
cristal où
on était à presque à 100 000, Mourad
était
un peu déçu. Il pensais que je n'étais
pas venu
avec les meilleures billes. Il me disait : « Tu ne
ferais
pas un petit héroic fantasy?
-
Rhaaa Mourad ! C'est nul, l'héroic fantasy, ça
m'ennuie, l'héroic fantasy »
Mais
il insistait, insistait, et j'ai commencé rechercher un
sujet.
J'ai
commencé à préparer un projet qui se
passait à
l'age de bronze. Entre temps, Kooka démarrait un petit peu
mieux, on arrivait à des chiffres interressants, 30 000
exemplaires... On sentait bien que les gens avaient
adhéré,
que ça ne demandait qu'à exploser.
D'un
autre coté j'arrivais avec un projet qui tentait vraiment
Mourad, alors on l'a joué à la pièce,
à
Angoulème (rires). C'est dans un restaurant, je lui ai
donné
une pièce de cinq francs, et la pièce est
tombée
à cheval sur deux tables. Tarquin a pris les deux tables, il
a
dit : « On est chez Soleil, on peut
tricher! »
et il les a ouvertes. La pièce est retombée sur
Atalante. Mourad a dit : « Alors, ça
c'est le
destin. »
Tu
as gardé la pièce?
C'est
Mourad qui l'a gardée. Et puis Atalante a eu un
succès
immédiat. Elle s'est vendue deux fois plus que Kookaburra.
J'ai mis un an à essayer de me convaincre que je pourrais
faire les deux en meme temps, mais... Entre temps, j'avais envie de
raconter plus d'histoires. Vers 40 ans, je me suis dis :
« Bon, si tout vas bien, je ferai encore vingt
album, à raison d'un par an... En étant vieux,
j'irai surement moins vite. Mais je
n'ai plus que 20 histoires à raconter. »
Ça
m'a tellement fait flipper de me rendre compte qu'il ne me restait
plus que 20 histoires à faire... Je me suis mis à
écrire pour beaucoup de gens en meme temps. Je n'avais plus
le
temps de dessiner deux séries. Le temps que je m'en rende
compte, que je l'accepte, j'avais passé le flambeau de
Kookaburra à Nicolas Mitric, qui s'en sort très
bien.
Toujours
chez Soleil, comment s'est passé ton travail sur Marlysa?
Je
devais faire un scénario pour Jean Pierre Danard, mais
j'avais
trop de travail... J'avais un copain qui s'appellait Jean-Charles
Gaudin. Il travaillait pour le cinema et il voulait tater de la bd.
Je les ai mis en relation et puis voilà. Vu que
c'était
le premier scénario de Jean Charles pour la bd, et que
ça
ne s'écrit pas exactement comme un film, j'ai plus ou moins
servi de lien. J'ai fais tampon entre eux deux, pour que la sauce
prenne et que Jean pierre soit en confiance avec ce scenariste qui
sortait de nulle part, dont c'était le premier scenario en
bd.
J'ai fais les couleurs des deuxièmes couvertures par
plaisir.
Maintenant
que tu scénarises beaucoup de séries, est ce
qu'il y en
a une que tu aurais quand meme voulu dessiner?
Pour
moi, le plaisir, c'est de faire un livre et de raconter une histoire.
Que ce soit moi qui la dessine ou quelqu'un d'autre, à la
limite, je m'en moque. Il n'y en qu'une pour laquelle j'avais
hésité
longuement, c'est Luuna. J'étais tenté de faire
une
indienne, mais j'avais choisi Atalante, donc, quand Mourad m'a
présenté Nicolas Kéramidas, je lui ai
dis :
« Voilà, tu peux faire ce que j'avais
préparé
pour moi, si ça t'interresse. »
Il
m'a répondu : « Il y a des chevaux
à
dessiner?
-
Ben, non il n'y a pas de chevaux à dessiner...
-
Alors je le fais. » (rires)
Maintenant,
mon parcours devient différent. D'un coté, je
suis
content, je suis plus concepteur d'univers que dessinateur. Et puis
quand j'écris des histoires, je fais
déjà les
premiers croquis. Du coup, je dessine de moins en moins pour moi.
Par
exemple, il y a un projet magnifique qui va sortir, dessiné
par Carlos Meglia, qui s'appelle Canari. Ça se passe avec
les
mayas... Mourad m'a demandé : « Est ce
que ça
vaut encore la peine de passer une semaine à 15 jours pour
dessiner une planche? Si tu arrives à écrire et
que ça
marche aussi bien que tes séries, ça ne vaut peut
etre
meme plus le coup de dessiner. Les gars s'en sortent bien et toi, tu
est content de raconter les histoires qui te plaisent, de batir des
univers. »
On
en revient à Perdita Queen. Effectivement, je pourrais
prendre
un sujet, faire un one-shot, et m'occuper ensuite des multiples
univers que j'aurais crées avec d'autres dessinateurs.
As-tu
envie d'achever une série?
En
effet...
L'épée
de Cristal, tout le monde trouve la fin chouette, mais est
resté
sur sa faim et attend un autre cycle. Kookaburra, tout le monde rale
que je ne sois pas allé jusqu'au bout... Ça fait
deux.
Perdita Queen, trois. Pour Petit d'homme, j'ai
été
laché par N'guessan – en toute amitié,
mais ça
fait quatre séries inachevées, c'est à
dire
beaucoup. Je dois dire un grand merci à Nicolas Mitric qui
va
terminer l'histoire de Kookaburra par amitié.
Avec
Atalante, j'ai commencé le tome 4 et je vais l'amener
jusqu'au
tome cinq. Ensuite on verra.
D'un
autre coté, je me suis un peu habitué aux gros
tirages
en solo. Partager avec Fred, c'est tout à fait normal, mais
ça
ne fera qu'un demi album d'Atalante, et donc
financièrement...
En
même temps, ce type d'univers me convient bien, donc, je vais
y aller
peut etre plus lentement mais je vais continuer... Je vais essayer
d'aller jusqu'au bout. Faire une bd, ça prend tellement de
temps... C'est pour cela qu'une des solutions c'est de raconter des
histoires avec d'autres dessinateurs. Comme ça je suis moins
tenté d'arêter au milieu.
Je
vais essayer de développer les projets Atalante, Ishanti,
Luuna et Canari en priorité. Ils sont à peu
près
tous sur le meme sujet, c'est à dire la mythologie, grecque,
egyptienne, précolombienne, amérindienne... C'est
un
sujet auquel je tiens : les autochtones entre eux. L'homme blanc
n'arrive pas pour foutre le souk dans leur civilisation.
Quelles
sont tes recherches documentaires?
Dictionnaire
mythologique et beaucoup de bouquins. Je lis beaucoup, je regarde
beaucoup de photos... pour m'en écarter. Il y a une base
historique très forte, dont je tiens compte ou pas, selon ce
que je sais faire ou pas.
À
propos d'Ishanti, comment t'es venue l'idée de ce personnage?
Un
jour, alors que Fred faisait les couleurs de private ghost, il m'a
envoyé un mail : « Tiens, je me suis
amusé
avec Chiron, l'un des personnages d'Atalante. »
Comme
il a une trentaine d'année, que c'est un fan de tout ce qui
est informatique, je me suis dit : « il a du lui
mettre
une moustache, une pipe, des lunettes... »
Quand
le dessin s'est ouvert, j'ai été surpris par sa
qualité. J'ai tout de suite appelé Fred pour lui
demander combien de temps il avait mis pour le faire. Si il avait mis
trois ans, j'aurais dis : « Ah, très beau
dessin »,
mais il m'a dit : « Oh, celui là, il a
pris
vachement de temps, j'ai bien mis dix heures. »
Je lui
ai répondu : « Mais tu te rends compte,
dix heures,
c'est une journée de travail (pour un dessinateur)... A la
fin
de la semaine, tu as six cases, ça fait une page. Tu peux
faire de la bd! Tu peux cartonner! »
Il
a repris : « Oui, mais ça fait des
années
que tu me dis que mes dessins ne tiennent pas la
route! »
C'est
vrai que quand il dessine tout seul, c'est... (grimace) pas pareil.
« Oui,
mais bon, on te trouvera une histoire, je serai à
coté
de toi....
-
Ben oui mais ça tu me l'as déjà
fait.... »
C'est
vrai que j'avais suivi deux ou trois de ses dossiers.
« Bon,
ben je t'écrirai des scénarios...
-
Oui, mais ça sera toujours mes dessins....
-
Effectivement.... bon je te ferai les dessins....
-
D'accord! » (rires)
C'est
parti comme ça. On a cherché un sujet qui
mettrait en
évidence ses qualités, qui contournerait les
grosses
difficultés. La première idée qu'on ai
eu
c'était de faire la jeunesse d'Atalante, mais il a dit :
« Ooh... Dessiner des forets, feuille par
feuille.... en
informatique je vais devenir fou. »
Alors
on a pensé à une histoire avec des pirates :
« Ah,
je veux pas faire d'eau. »
Le
coté égyptien s'est imposé de lui meme
: quand
il a fait la mise en couleurs pour le tome trois d'Atalante, je lui
ai dis: « Tiens, là tu vois, il n'y a pas
de
végétation, c'est des dunes... Mais il y a
beaucoup de
doré...
-
Ça c'est pas grave, j'aime bien faire ».
Travailles-tu
différemment en sachant que ta planche va etre
colorisée
par ordinateur?
Oui,
bien sur. Il n'y a plus d'encrage, je ne fais plus que du dessin au
crayon, assez poussé d'ailleurs. Avec Ishanti, Canari,
Luuna,
la mise en couleur par ordinateur sur Atalante, je commence
à
avoir un univers très cartoon, très dessin
animé.
Quelles
sont tes impressions sur les deux méthodes de colorisation
que
tu as utilisées?
Les
deux ont leurs qualités et leurs défauts. Ce qui
est
dommage en informatique, c'est qu'il n'y a pas
d'« accident »
: tout est délimité. Quand on fait quelque chose
à
la main : des fois on loupe et « aie aie aie
! »
Et puis on s'apperçoit que « Ah bah, non,
finalement, c'est bien! ». Ça n'existe
pas en
informatique.
Par
contre les lumières sont plus fortes. Je crois aussi que les
jeunes, qui sont nés dans les jeux vidéos, qui
commencent à voir des couleurs informatiques partout en
bande
dessinée, vont préférer
ça...
Les
deux ont leurs qualités et leurs défauts.
Tu
n'as pas peur qu'avec cette mise en couleur, certains regrettent
l'ancienne?
Je
ne sais pas trop quoi en penser... Fred fait un travail
extraordinaire, je gagne certaines choses et j'en perds d'autres.
L'un dans l'autre, je persiste à croire que le principal
c'est
l'histoire, et ça, ça ne changera pas.
Comment
pourrais-tu définir ton style de dessin?
Je
ne sais pas... pour moi, je fais du semi-réalisme. Pendant
des
années, ça m'amusait de voir des petits Loisel
partout,
des Vatine partout, mais je ne voyais pas de petits Crisse. Quelque
part, je ne faisais pas école. D'un coté
j'étais
content, et de l'autre, je me disais que mon dessin ne plaisait pas,
que l'on avait vite fait le tour. Je me suis aperçu petit
à
petit que c'était le contraire. C'est très
compliqué
de copier mon style, parce qu'il est fait de
« trucs »
(rires). Pour que ça passe, j'en pique à gauche,
à
droite et j'essaye de les alonger à ma sauce. Comme je suis
autodidacte, et que j'ai de grosses lacunes en dessin, ça
doit etre incompréhensible à copier
« Comment
arrive-t-il à un tel dessin, alors que graphiquement,
ça
ne tient pas la route? »
Ce
n'est pas du style, c'est de la débrouille, mais les gens
aiment.
En
réalité, je pense que ma vraie force, c'est de
raconter
un histoire et d'entraîner les gens dans mon univers, plutot
que de les fasciner par des dessins somptueux ou des vertiges
graphiques, que je n'ai pas. Il y a un dessin qui me permet de
raconter ce dont j'ai envie, et un qui ne me le permet pas. Je triche
tellement que ça finit par passer.
J'avais
essayé de faire du réalisme avec
« les
Ombres du passé », qui a
été un échec
total au point de vue vente, bien que je me sois beaucoup
amélioré
au point de vue dessin.
Cela
m'a appris à me remettre en question, à avoir
peur du
lendemain et à me rendre compte que je faisais un
métier,
qu'etre dessinateur, ce n'est pas juste de faire de beaux dessins en
rigolant et en buvant le coup avec les potes, et qu'il y a des
possibilités d'echec.
As-tu
modifié ton style pour la mise en couleur par ordinateur?
Non,
c'est le problème de Fred (rires).
Combien
de temps travailles-tu sur une planche?
Ça
dépend des planches, mais en gros une semaine. Et c'est
pareil
pour Ishanti.
Comme
beaucoup de scénaristes tu as des gimmicks : Personnage
central féminin accompagné d'un
coéquipier(s) comique, ceux ci te servent–ils
à dédramatiser la
situation?
Oui.
En général, les fonds de mes histoires ne sont
pas
spécialement droles. Il y a beaucoup de gravité
mais
c'est raconté de façon tellement
légère
que ça n'embête pas trop les gens. Ces personnages
permettent effectivement d'alléger tout ça.
J'utilise
des héroïnes parce que je me sens proche de la
sensibilité féminine. Les héros qui
m'inspirent
beaucoup moins... Sauf si ce sont des anti-héros.
D'une
manière générale as-tu une structure
précise
à long terme pour tes scénarii ou improvises-tu
au fur
et à mesure?
Pour
Kookaburra, à raison d'un album par an, admettons que j'en
fasse 15... La personne qui aurait commencé à
lire la
bd à quinze an en aurait trente quand j'aurais fini. Est ce
qu'une histoire qui interesse un adolesent de quinze ans pourrait
satisfaire un adulte de trente ans?
Ça
me semblait risqué de faire une méga saga, tout
en
restant cohérant. Je me suis rendu compte en le faisant que
cinq album, c'est bien, c'est le maximum pour faire une histoire avec
un début et une fin. Celà ne pose pas de pb pour
une
saga comme Largo Winch, qui est de deux albums en deux albums. Quand
le gars de quinze ans qui aimait bien Largo Winch en a trente, il
s'en moque, il peut arreter quand il veut. Mais à trente ans
etre frustré de la fin d'une série qu'on a
aimée,
c'est terrible.
Tu
te mets plus dans la position du lecteur que du dessinateur...
Oui
je fais ce métier pour faire rever les gens. Je suis plus ou
moins à leur disposition. Je me garde un petit truc
à
moi, que je mets dans un peu toutes mes histoires, mais tellement
camouflé qu'il n'y a que moi, ou quelqu'un qui a la meme
sensibilité que moi, qui sait que c'est présent.
Je
crois que ce sont toutes ces petites ces touches personelles qui font
que j'ai public. Meme s'il ne le sait pas, c'est quelque chose qu'il
doit remarquer.
Quel
bilan fais-tu de ton travail de scénariste?
En
tant que scenariste, j'ai envie de tout bazarder de faire ce dont
j'ai vraiment envie, mais finalement je me dis :
« Non,
c'est bien aussi de continuer ce que tu fais, les gens aiment
bien. »
J'aimerais faire des histoires d'amour romantiques, prises dans des
thrillers, mais bon, il faut que je termine ce que j'ai
commencé
(rires).
En
tant que scenariste pour d'autres, j'aimerais continuer plus ou moins
ce que je fais, c'est à dire travailler sur des civilations
qui m'interressent, en général des civilisations
pleines de soleil.
J'ai
un petit sujet qui se passerait en polynésie avec des
polynésiens, avant que l'homme blanc arrive.
Sinon,
personellement, je voudrais faire des histoires d'amour
intemporelles, des trucs comme ça.
Toujours
un format 46 pages, tu n'as jamais été
tenté
d'écrire un roman graphique?
Si,
justement, mais là il faut convaincre l'éditeur
aussi,
ce n'est pas évident. Lui, il va me dire à chaque
fois
: « Oui, mais attend, Atalante, t'es sur d'en vendre
100
000, qu'est ce que tu vas te faire chier à
.... »
(rires).
Justement,
commet ça s'est passé avec
« les compagnons
de la Taiga »? C'est un format italien. Il y a eu de
bonnes répercussions?
Non,
ça a été fait d'une façon
franco belge,
et c'est parce qu'il n'y avait pas assez de pages qu'on a
découpé.
On ne l'a pas fait pour que ce soit vendu, on l'a fait pour que
ça
existe, et c'était chouette.
En
tant que dessinateur, quel a été ton plus grand
défi?
Chaque
dessin que je fais est un grand défi par ce que je ne suis
jamais sur d'y arriver, surtout les dessins un peu
compliqués,
où je sais d'entrée de jeu que ça, je
ne sais
pas le faire. J'utilise des trucs, mais comme je suis très
exigeant sur les découpages et la façon de
raconter une
histoire, je sais très bien qu'à un moment
donné,
je vais faire une plongée. Je dois la faire alors que c'est
exactement ce que je ne sais pas faire. Je m'y oblige, pour raconter
une histoire comme je veux, et etre tout à fait honnete avec
le lecteur et avec moi meme. « Tu vois,
ça tu le
demandes à tes dessinateurs, et ben il faut le faire toi
meme. » (rires)
Et
ta plus grande joie?
En
dédicace, quand je vois le plaisir sur le visage des gens.
Beaucoup
de gens viennent me voir en disant : « J'ai
commencé
à aimer la bd avec Nahomi. » Je ne me
rendais pas
compte à l'époque...
Beaucoup
viennent aussi me rendre visite pour l'épée de
cristal
: il y a vraiment un parcours pierre après pierre : ceux qui
me suivent depuis le début me sont restés
fidèles. Ça me fait vraiment plaisir.
Claire
Wendling s'est exportée en Amerique pour faire un film
d'animation « Quest for
Camelot ». Tu serais
tenté par l'animation?
Pas
spécialement. Par contre, je serais tenté de
travailler
avec elle. Je crois que je pourrais lui amener pas mal de trucs, au
point de vue scénaristique, par ce qu'au point de vue
dessin...
j'ai
lancé des appels à chaque fois que j'ai eu une
interview (rires) : je demande que ce soit écrit lourdement
(rires). On finira bien par se rencontrer un jour.
Et
Vatine?
Ah
oui, tous les deux, mais je crois qu'Olivier maîtrise
déjà
son univers tout seul.
Tu
ferais une illustration pour une affiche de cinéma?
On
en a fait une avec Fred Besson, « Alien vs
Predator ».
À chaque fois qu'on nous le demande, on essaye de
réagir
positivement. On n'a pas vraiment de contacts, les agents font tout.
C'est au coup par coup.
Recemment,
tu as eu aussi une incursion dans les comics avec Tellos, comment
s'est-elle passée?
C'est
ce que Todd m'avait demandé, c'est ce que je voulais faire.
Ça
s'est décidé à Angoulème.
Semic avait
demandé à des dessinateurs de faire une
couverture
française pour des séries américaines.
Je suis
allé les voir en leur disant « Moi aussi,
je veux
en faire une... voir plus.
-
Pas de pb, on a ça de disponible... »
J'ai
dessiné la jeunesse d'un des personnages
féminins,
Sera.
Étant
un fan de vampires, qu'as-tu pensé de la série
« Crimson »?
Beaucoup
de bien. En plus, je travaille maintenant avec Humberto Ramos. Les
liens se tissent un peu partout, ce qui m'arrive pour le moment est
assez extraordinaire.
Quel
regards portes-tu sur les productions actuelles?
(rires)
Il y en a trop! J'ai horreur des manga, je n'arrive pas à
les
lire. Du coté des comics, il y a des dessinateurs
extraordinaires, mais il faut les lire en anglais, car en
français
c'est très mal traduit. Et puis, ceux qui sont traduits ne
sont pas forcément les meilleurs.
Sinon,
j'en aime plein !
Il
y a « Là ou le regard ne porte
pas »,
qui m'a scotché. Il y a aussi quelque chose que j'ai mis
longtemps à prendre en main, c'est « le
sursis »
par Gibrat, et sa suite. Maintenant je trouve ça fabuleux,
autant le dessin que le scenario. Cette extraordinaire BD est
sensible et intelligente
« Là
ou le regard ne porte pas » et
« le Sursis »
sont des films de papier. Ça me fait plaisir quand je vois
ce
travail, parce qu'il correspond à ce que je recherche dans
ma
tete. Quand j'aurais finis ce que j'ai commencé (rires)....
Comme
quoi on peut faire autre chose que de grosses bastons avec des trolls
qui font des jeux de mots idiots. (rires)
En
plus, il se passe un truc – Soleil est plus ou moins
à
l'origine de ce phénomène – c'est les
passerelles qui
sont en train de se mettre en place vers les Etats Unis, vers la
Corée, pour faire travailler des dessinateurs
américains,
coréens, français, avec des
scénaristes
français. L'expérience, marcherait
très mal dans
l'autre sens, mais dans ce sens là, ça marche
bien. En
plus, je suis un de ceux là... Travailler avec Ramos,
Meglia... C'est un honneur. En plus les mecs s'éclatent, on
sent bien que le format européen les tente vraiment.
Quel(s)
conseil(s) donnerais-tu à un jeune dessinateur?
Qu'il
attende un peu. Il y en a beaucoup en ce moment. S'il y croit, qu'il
tente tout, qu'il aille jusqu'au bout. Soit il est fait pour
ça
et ça passera, soit on lui fera comprendre que non. Il
trouvera par lui meme ce qu'il faut pour réussir.
Si
tu étais un perso de BD, tu te sentirais le plus proche de
quel héros?
Corto
Maltese.
Merci
pour ta gentillesse.
Je
vous en prie.